
Sindiwe Magona est née le 27 août 1943 à Umtata et a grandi à Gungululu, un township proche du Cap, cinq ans avant que l’empire colonial britannique ne remette le pouvoir aux Afrikaners. L’apartheid a été officiellement instauré en 1948 avec à la clé une série de lois oppressives et racistes telles que la séparation des individus dans des zones urbaines d’habitation différentes en fonction de leur race et Loi d’éducation Bantoue. C’est dans ce contexte qu’a grandi Magona, première écrivaine sud-africaine noire de sa génération.
Autobiographe, poète, dramaturge, romancière, elle écrit en anglais et en xhosa, l’une des 11 langues officielles de son pays. Elle a publié plus d’une douzaine de livres, qui incluent des recueils de poèmes, des pièces de théâtre et des biographies. Elle a aussi écrit plus de cent trente livres pour enfants.
Dans To My Children’s Children, la première partie de son autobiographie publiée en 1990, elle retrace les trente-trois premières années de sa vie dans une tentative de transmettre l’Histoire aux générations suivantes. Cet ouvrage écrit comme une lettre d’une grand-mère xhosa à ses petits-enfants décrit sa vie dans le Transkei ainsi que sous l’apartheid dans un township sans oublier sa détermination de réussir. Ce roman a été traduit au Xhosa en 1995 par elle-même sous le titre Kubantwana Babantwana Bam.
Dans la seconde partie de sa biographie intitulée Forced to Grow (1992), Sindiwe Magona reprend son histoire au moment où son mari l’abandonne avec ses trois enfants. Elle y raconte sa vie de mère célibataire qui élève trois enfants dans l’Afrique du Sud des révoltes étudiantes des années 1970 ainsi que son engagement dans les mouvements féministes de l’époque.
En 1998, elle publie Mother to Mother, récit romancé de l’assassinat dans un bidonville du Cap en 1993 d’Amy Biehl, une américaine blanche engagée dans la lutte contre l’apartheid. Elle décida d’écrire cette histoire épistolaire quand elle apprit que le jeune noir qui a été arrêté et accusé de ce meurtre était le fils de sa voisine. Mother to Mother explore l’héritage de l’apartheid à travers le regard de Mandisi, la mère du meurtrier qui décide d’adresser des lettres à la mère d’Amy. Dans ces lettres fictives, elle raconte sa vie et celle de son fils marquées par l’oppression et l’injustice et décrit un monde de violences raciales et de drames. Ce livre, traduit en français sous le titre Mère à mère (Québec 2019), est considéré comme l’un des plus grands romans sud-africains.
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